Le personnel du secteur médico-social est régulièrement confronté à des incompréhensions, des malentendus, voire des conflits liés aux différences culturelles entre soignant et soigné. Or, pour offrir la meilleure qualité de soins garantir l’égalité des chances, il est indispensable de prendre en compte la diversité des populations et les spécificités de chaque culture. Pour cela, il faut bien comprendre la dimension interculturelle dans le soin pour adapter à la fois la communication mais aussi les pratiques de soin aux différentes cultures.
Comprendre la dimension culturelle dans le soin aux adultes et aux enfants
Au quotidien, les soignants rencontrent des patients de tous âges et de tous horizons culturels. Les différences de langue sont souvent un premier obstacle au bon déroulement des soins. Cependant, il existe aussi toute une dimension culturelle dont il faut tenir compte pour soigner efficacement et avec respect.
En effet, selon la culture de chacun, les croyances religieuses peuvent d’abord influencer le rapport à la maladie. Certaines populations sont ainsi très attachées aux techniques de soin traditionnelles et peuvent demander à ne pas être soignées autrement. La perception de la douleur n’est pas non plus équivalente selon les cultures.
En particulier, elle peut être sous-estimée et le soignant doit en tenir compte pour éviter une erreur de diagnostic.
L’origine culturelle peut imposer le respect de certains rites ou même influencer la prise de décision quant à la fin de vie. De ce fait, lors de l’accompagnement d’un patient en fin de vie et de sa famille, l’équipe soignante devra prendre en considération ces éléments.
Certaines cultures ou religions dictent en outre les habitudes alimentaires des individus. Ainsi, l’état de santé de certains d’entre eux, en particulier celui des enfants, peut être affecté par des carences alimentaires. Certaines restrictions alimentaires ou des rituels de jeûne peuvent en être la cause et il faut en tenir compte.
Bien connaître chaque culture peut ainsi aider le soignant dans son diagnostic. De même, connaître les principaux régimes alimentaires liés à des croyances religieuses ou aux convictions particulières d’une communauté a toute son importance en cas d’hospitalisation. Cela permet de proposer une alimentation adaptée et respectueuse des attentes de chacun.
Aussi, pour donner à chaque population des chances égales face à la maladie et pour soigner avec efficacité, les soignants doivent prendre en compte la dimension interculturelle. Cela suppose d’avoir les connaissances de base nécessaires pour l’appréhender et pour connaître les principales spécificités des différentes populations.
Améliorer la communication
La communication est un élément central dans le bon déroulement des soins médicaux. Or, les différences culturelles peuvent faire obstacle à une bonne communication entre le patient et le soignant ou avec la famille.
Bien sûr, la première barrière est celle de la langue. Lorsque soignant et soigné rencontrent des difficultés à se comprendre, les conséquences peuvent être importantes : mauvaise évaluation des symptômes décrits par le patient, erreur dans la prise des médicaments par le patient, etc.
Mais les difficultés de communication peuvent aussi être liées à l’existence de codes sociaux particuliers. Dans certaines cultures, la famille joue un rôle de premier plan dans la prise de décisions liées à l’état de santé d’un patient et ce, quel que soit son âge. Aussi, les soignants doivent en être conscients pour mettre en place une communication efficace et des échanges réguliers avec la famille. L’objectif d’un bon accueil multiculturel dans les structures de santé est de respecter les traditions culturelles et familiales, ainsi que les volontés de chacun.
Mettre en œuvre des pratiques professionnelles respectueuses des différentes cultures des patients
Au moment de donner des soins ou de pratiquer un examen aussi, un soignant doit tenir compte de l’origine culturelle de son patient pour mieux comprendre ses besoins et être en mesure d’y répondre. Par exemple, dans certaines cultures, il faut veiller à ce que soignant et soigné soient tous deux du même sexe.
Un soignant conscient de l’importance de cette requête pourra ainsi en tenir compte pour éviter de mettre mal à l’aise son patient ou sa patiente. L’objectif est de créer un climat propice à la confiance. Les examens ou les soins pourront ainsi se dérouler dans les meilleures conditions et dans le respect de l’individu dans sa globalité.
La notion de pudeur est aussi à prendre en compte selon l’origine de chaque patient. Elle peut avoir beaucoup plus d’importance dans certaines cultures que dans d’autres. Aussi, pour éviter de créer un malaise, il existe des formations sur l’interculturalité pour le personnel soignant afin qu’il sache anticiper les attentes du patient.
De même, certains patients peuvent refuser de subir des soins relevant de la pharmacopée occidentale. Il peut s’agir de convictions personnelles, mais c’est aussi parfois ancré dans certaines traditions culturelles.
Pour un soignant, il est important d’anticiper cette problématique en ayant de bonnes connaissances au sujet des attentes des différentes populations selon leur culture. Cela lui évitera de prescrire des traitements que le patient ne prendra pas. Tout l’enjeu est bien sûr d’offrir la meilleure qualité de soins possible en proposant un traitement adapté, que le patient acceptera de prendre.
Enfin, pour un patient arrivant en fin de vie, la prise en compte des croyances religieuses liées à sa culture a aussi toute son importance. Selon le rapport à la mort existant dans chaque communauté, le soignant peut se retrouver confronté à des décisions familiales radicalement différentes ou à des demandes spécifiques.
En ayant une idée assez précise des spécificités de chaque culture, il pourra anticiper les attentes de la famille. Là encore, établir une communication transparente avec l’entourage du patient est indispensable. L’objectif est de créer un climat de confiance, propice à l’échange, pour prendre des décisions adaptées et respecter les rituels de chacun.
En conclusion, il faut avoir conscience que la prise en compte de la dimension interculturelle est incontournable pour offrir des soins de qualité aux différentes populations se présentant dans les structures médicales et médico-sociales. L’enjeu principal est de soigner efficacement chaque personne, dans le respect de sa dignité et de ses croyances, quelles que soient ses origines culturelles.
Pour cela, il est indispensable de sensibiliser le personnel des structures de santé. Spirale Formation a mis au point une formation sur l’approche multiculturelle de l’accueil des patients. Deux autres modules complémentaires, plus spécialisés, traitent du lien entre égalité homme/femme et interculturalité, ainsi que de l’interculturalité dans le soin afin de répondre aux plus de besoins possibles.