La contention physique est une méthode de soin utilisée en dernier recours face à un patient particulièrement agité, agressif et violent, qui représente un danger immédiat pour lui-même et pour autrui. Difficile à accepter par le patient comme par son entourage, cette mesure heureusement rare, mais parfois indispensable, doit être utilisée à bon escient. Découvrez dans quels cas et dans quelles conditions le recours à la contention physique d’un patient par un personnel soignant dûment compétent et rigoureusement formé peut s’envisager.
Les différents types de contention
La contention physique n’est pas l’unique méthode utilisée en milieu médicale, il existe d’autres types de contention : la contention chimique, environnementale et psychologique. Chacune est utilisée dans des cas particuliers en fonction de l’état du patient.
La contention physique passive
La contention physique est un ensemble de méthodes et de moyens que le corps médical peut employer à titre exceptionnel pour limiter les possibilités de mobilisation d’un patient agressif et violent, de façon totale ou partielle.
Il peut s’agir d’immobiliser temporairement le patient au sol, ou encore de restreindre sa mobilité à l’aide de dispositifs spéciaux tels qu’une ceinture ou un gilet de contention, des barrières de lit, etc.
L’unique objectif de la contention physique est de gérer l’agressivité du patient envers le personnel soignant et de le sécuriser. En empêchant ses mouvements, la contention physique passive évite au patient agressif et violent toute action dangereuse dirigée contre lui-même ou contre son entourage immédiat.
Cette mesure peut avoir pour but de protéger un patient extrêmement agité des risques de chutes. Elle peut aussi s’envisager dans le cas où le patient est dans un état qui le conduit à exercer des violences contre autrui ou contre sa propre personne, par exemple en tentant de débrancher ses dispositifs de soins.
La contention physique passive est utilisée en dernier recours seulement. Elle ne peut être mise en œuvre que sur prescription médicale d’un psychiatre. Sa durée est limitée. La nécessité de maintenir ou non la mesure de contention physique passive doit être réévaluée toutes les 24 heures.
Dans le cas où la décision de l’équipe médicale est le maintien de la contention physique passive du patient agressif et violent, elle doit être dûment motivée. L’objectif est bien entendu d’éviter des dérives et de garantir le respect des droits de la personne et de la dignité humaine.
La contention chimique
La contention chimique est une méthode qui consiste à administrer des médicaments sédatifs ou tranquillisants afin de réduire l’agitation et l’agressivité d’un patient. Ce traitement permet de calmer les crises de violence en modifiant temporairement l’état de conscience du patient.
La contention chimique permet de réduire de manière rapide et efficace les risques de blessures graves pour les soignants et les patients.
Toutefois, ce traitement peut avoir des effets indésirables comme des réactions allergiques ou des troubles cognitifs et doit être utilisé en dernier recours, après avoir évalué d’autres options moins contraignantes. L’équipe médicale veille à ce que les doses soient ajustées en fonction des besoins individuels du patient pour éviter une sédation excessive, tout en maintenant une surveillance médicale continue.
La contention environnementale
La contention environnementale consiste à ajuster l’environnement du patient pour minimiser les risques sans recours direct à des dispositifs de contention physique ou chimique.
Cela peut inclure l’installation de lits avec barrières, la réduction des stimuli perturbateurs, ou encore l’utilisation de chambres spécifiques avec aménagements adaptés pour empêcher les comportements à risque.
Ce type de contention est une solution préventive, visant à offrir un cadre sécurisé et apaisant pour le patient, tout en favorisant son autonomie dans la mesure du possible. Elle est souvent privilégiée pour éviter l’escalade de l’agitation et préserver le bien-être du patient sans recourir à l’immobilisation forcée.
La contention psychologique
La contention psychologique est une forme subtile mais importante de gestion des comportements agressifs en milieu médical qui repose sur l’utilisation de techniques de communication et d’interactions visant à désamorcer les tensions sans contrainte physique ou médicamenteuse.
Elle implique une approche relationnelle adaptée, où le personnel soignant emploie des méthodes de persuasion, de réassurance et de redirection pour canaliser les émotions du patient et limiter ses comportements violents.
En créant un cadre sécurisant par la parole, l’écoute active et la reconnaissance des émotions du patient, la contention psychologique cherche à apaiser l’agitation et à prévenir les gestes dangereux.
Ainsi, la contention psychologique ne cherche pas à limiter les mouvements du patient mais à canaliser ses émotions, souvent à travers une relation de soutien et de réassurance. Cela permet dans bien des cas d’éviter le recours à des formes plus contraignantes de contention.
La prévention et les alternatives à la contention
La contention doit toujours être envisagée en dernier recours, lorsque les autres solutions ont échoué. Pour éviter d’y recourir, il est essentiel d’adopter une approche préventive fondée sur l’écoute attentive et la compréhension des besoins du patient. La qualité de la relation soignant-patient joue un rôle clé dans la gestion des comportements agressifs.
Une communication efficace permet d’établir un climat de confiance, dans lequel le patient se sent compris et pris en charge de manière humaine.
En prenant le temps d’écouter le patient et de répondre à ses interrogations ou angoisses, le personnel médical peut prévenir l’agressivité du patient et aisni désamorcer les tensions qui pourraient conduire à des situations de violence.
Le personnel médical peut ainsi apaiser les tensions par une approche empathique et respectueuse, en identifiant les facteurs de stress du patient. Offrir des soins personnalisés, adapter l’environnement et impliquer le patient dans son parcours de soins sont des stratégies qui réduisent significativement le recours à la contention, tout en préservant sa dignité et son bien-être.
Les recommandations pour utiliser la contention physique
La contention physique est, nous l’avons vu, une mesure exceptionnelle à durée limitée. Décidée par un médecin, elle est mise en œuvre par des soignants. Compte tenu du caractère contraignant de cette mesure pour le patient, des risques de complications pour sa santé ainsi que du cadre législatif, le personnel chargé de sa mise en œuvre doit être rigoureusement formé et respecter certaines recommandations incontournables.
Être formé à l’utilisation de la contention physique avec Spirale Formation
La contention physique d’un patient agressif et violent nécessite de connaître et d’appliquer tout un ensemble de bonnes pratiques. L’objectif est de garantir la santé physique et mentale de la personne et de respecter son intégrité ainsi que sa dignité.
Outre la connaissance des différentes techniques de contention physique, le personnel soignant doit être capable de choisir les méthodes et les moyens adaptés à chaque situation particulière. L’objectif est de garantir la sécurité du patient et son confort, pour éviter tout risque de mise en danger et limiter la survenue de complications.
De plus, le personnel médical doit assurer une surveillance continue du patient tout en respectant son intimité et sa dignité. Là aussi, c’est seulement après une formation pour personnel soignant spécifique qu’il est possible d’adopter la bonne approche relationnelle.
Aussi, Spirale Formation a créé un module de formation spécifique consacré à la contention des patients. Il permet d’acquérir l’ensemble des connaissances et des compétences indispensables à tout soignant qui pourra être confronté un jour à la mise sous contention physique d’un patient et à sa surveillance.
Réaliser une évaluation en équipe pluridisciplinaire des bénéfices et risques associés à la contention
Une mesure de contention prise à l’encontre d’un patient agressif et violent ne peut être maintenue que sur la base d’une évaluation rigoureuse réalisée par toute une équipe soignante. Cette évaluation doit mesurer le rapport entre bénéfices et risques du maintien de la contention physique du patient agressif et violent.
En effet, il faut garder sans cesse à l’esprit qu’il s’agit là d’une mesure exceptionnelle, prise dans des circonstances bien précises. La contention peut avoir un certain nombre de conséquences physiques et psychologiques néfastes pour le patient. L’évaluation clinique ne peut donc aboutir au maintien de la contention sans être dûment motivée.
Proscrire toute utilisation abusive de la contention physique d’un patient
La contention physique d’un patient agressif et violent doit rester une mesure exceptionnelle prise face à un danger imminent lié à l’état d’agitation du patient, qui pourrait porter gravement atteinte aux autres ou à lui-même. Le risque de dérive est réel si ce type de soin venait à être utilisé de manière abusive.
Aussi, il est important pour le personnel soignant d’avoir à l’esprit que la contention d’un patient agressif et violent ne doit jamais être une solution destinée uniquement à garantir la tranquillité d’un service d’urgences.
Il faut vraiment que la sécurité du patient lui-même ou des tiers présents dans son environnement soit en danger immédiat pour y avoir recours pour une durée qui, rappelons-le, doit rester limitée.
De même, il n’est pas non plus question d’utiliser cette méthode lorsqu’un patient s’est montré un peu trop agressif verbalement envers le personnel soignant. Autrement dit, la contention du patient ne doit pas être une simple punition visant à sanctionner un comportement désagréable ou déplacé. Il faut qu’elle soit réellement associée à une notion de mise en danger du patient ou de tiers. D’autres solutions pour prévenir et gérer la violence à l’hopital sont à privilégier.
La communication autour de la contention
Bien qu’étant contraignante, la contention physique du patient agressif et violent est réalisée dans son intérêt. L’objectif est de le protéger de lui-même ou de protéger les autres des conséquences de ses actes, en attendant qu’il retrouve la pleine possession de toutes ses facultés. Aussi, il est important pour le personnel soignant de bien communiquer à ce sujet, tant auprès du patient lui-même que de son entourage.
En effet, la compréhension de ce soin très particulier par le patient et par ses proches est essentielle pour favoriser l’alliance thérapeutique. Encore une fois, la mesure est prise avant tout dans l’intérêt du patient, dans le cadre d’un protocole thérapeutique plus large. Il est important pour la prise en charge globale du patient que le recours à cette contention soit parfaitement compris.
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Thomas CARPENTIER
À propos de l'auteur : Responsable Développement/Pédagogie/Qualité
